disséquer / déplacer / articuler

by Lina Ben Rejeb
in 2 TEMPS 3 MOUVEMENTS
Beaux Arts de Paris editions, 2013

Éléonore False définit sa pratique comme étant celle du collage. Elle extrait puis annule ce qui fait histoire dans l’image pour en faire un motif. En déplaçant ce qui l’intéresse dans une image, elle rend visible, fait dialoguer les matières aplaties et leur redonne une autre dimension à travers une forme de projection dans l’espace.

Le rapport au corps est souvent présent dans l’image de départ, ou du moins évoqué par la forme que l’image extraite, ou motif, va prendre ensuite. Ce rapport corps/œuvre est lui- même déplacé en rapport espace/œuvre : l’œuvre vient se greffer à l’espace, le garnir et cherche à l’investir jusqu’à en être le prolongement comme dans cette image de fourmis qui deviennent le passage entre l’arbre et la main, le corps est ce lien entre l’image et l’espace.

Il est question de déplacement temporel : une image évoquant un ailleurs, une culture lointaine remise à jour comme pour nous rappeler qu’à l’origine le motif est identification. Déplacer ce motif, c’est en quelque sorte rappeler que comme pour toute image, il y a toujours un précédent.

Basses, les tables placent le spectateur dans un rapport vertical : il surplombe l’image et fait face à une dissection de ces constituantes. Puis vient la manipulation des formes: réduites, agrandies. L’identification n’est plus celle d’une image mais du fragment.

La manipulation du document engendre une nouvelle forme de circulation qu’elle rejoue dans le dispositif de monstration par une invitation à déambuler entre les tables de dissection-travail.

L’aplanissement du temps par le noir et blanc est rejoué : une forme de marelle temporelle se met en place, les référents juxtaposés produisent une atemporalité du document. La reproduction tend à unifier et à contextualiser à nouveau les images. La couleur, d’abord insérée dans les interstices de l’œuvre, vient occuper l’espace produisant cette invitation à refaire l’image.